La rétrospective new-yorkaise de Kazimir Malevitch surprend par sa sobriété. Six tableaux de l’icône suprématiste russe recouvrent les murs de la petite salle du Guggenheim. L’intérêt de l’exposition n’est certainement pas dans la profusion d’œuvres présentées, mais dans le caractère inédit de l’évènement : voilà 83 ans que ces tableaux n’ont pas été réunis.
En 1927, Kazimir Malevitch connaissait un succès immense lors de la controversée Great Berlin Art Exhibition, succès jamais égalé par un autre peintre russe depuis - même Kandinski ! La foule d’initiés berlinois avait su apprécier la progression subtile de la peinture cubo-futuriste de Malevitch vers un suprématisme iconoclaste. Il aura fallu attendre plus de huit décennies, pour que le public américain puisse faire le même constat. Le Guggenheim de New York s’est chargé de braver les difficultés liées au rassemblement des toiles du russe moderniste. Le trouble jeté, pendant l’entre deux guerre, par le gouvernement russe sur l’authenticité des créations de Malevitch a rendu ses héritiers excessivement prudents. Depuis la mort de l’artiste en 1935, les prêts de tableaux accordés aux musées sont plus que rares. Du 19 février au 30 juin 2010, Suprematist Painting côtoiera Painterly Realism of a Football Player…
Morning in the village after Snowstorm (1912) est le deuxième tableau encore figuratif que l’exposition présente, après le très cubiste Desk and Room (1913). La tendresse de Malevitch pour le milieu paysan y est visible. La géométrie abstraite pointe sur cette toile, dont le trait agité rappelle celui de Fernand Léger. Dans Suprematism (1915) – tableau emblématique du courant que Malevitch fonde à cette époque – l’artiste rompt définitivement avec le figuralisme et dépasse l’influence cubo-futuriste. Sa peinture, déjà abstraite, s’affirme dans la géométrie. Les formes unicolores disposées sur la toile montrent l’infinitude de l’espace.
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